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Argentine

25 novembre : le mouvement féministe massivement mobilisé contre Milei

Ce samedi, les rues d’Argentine étaient remplies pour la journée internationale de lutte contre les violences patriarcales. Une mobilisation massive qui constitue une première réponse dans la rue à l’élection de Javier Milei.

Floé Brique

1er décembre 2023

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25 novembre : le mouvement féministe massivement mobilisé contre Milei

Crédit photo : Casandra Martinez

Le 25 novembre en Argentine s’est tenu à peine une semaine après la victoire de Javier Milei aux élections présidentielles argentines. Une victoire qui suscite beaucoup d’inquiétudes du côté du mouvement féministe tant en raison de sa future politique économique que de ses positions anti LGBTI et anti-féministes.

Ainsi, le 25 novembre, à l’occasion de la journée internationale contre les violences sexistes et sexuelles, une partie du mouvement féministe argentin a appelé à se mobiliser pour faire face aux attaques qui arrivent avec le gouvernement de Milei et Villarruel en criant « Pas une coupe austéritaire de plus, pas un droit de moins », tout en s’inscrivant dans l’action féministe mondiale contre le génocide du peuple palestinien.

A Buenos Aires, la marche a été convoquée par la Campagne nationale pour le droit à l’avortement et par plus d’une douzaine d’organisations féministes, syndicales, étudiantes et politiques.

Le slogan « Pas un droit de moins, pas une coupe austéritaire de plus » est d’une part une dénonciation explicite des politiques austéritaires en cours effectuées par le gouvernement argentin main dans la main avec le FMI qu’on a pu entendre dans les rues de Buenos Aires, Mendoza, Salta, Jujuy, Neuquén, entre autres. Mais d’autre part, c’est également le futur président qui est visé : cet ultralibéral d’extrême-droite est un antiféministe notoire. Celui qui a affirmé au cours de sa campagne vouloir supprimer l’éducation sexuelle obligatoire et le ministère des Femmes, du Genre et de la Diversité (qui ne correspond à l’heure actuelle qu’à seulement 0,2% du budget d’Etat), n’a pas hésité non plus à menacer de soumettre au référendum le droit à l’avortement, auquel il s’oppose ouvertement.

Tout cela crée un climat propice à des attaques réactionnaires contre les droits des femmes et des personnes LGBTI. Ainsi, au cours de la campagne présidentielle en Argentine->https://www.mediapart.fr/journal/international/261123/apres-l-election-de-javier-milei-les-feministes-argentines-en-alerte-face-la-violence-qui-vient], les violences contre les personnes LGBTI ont augmenté sur tout le territoire et les organisations féministes témoignent de nombreuses provocations et menaces. Au point où le ministère de la Diversité a dû être évacué la veille de la mobilisation, après avoir reçu deux alertes à la bombe mensongères, alors que depuis les élections ses agents reçoivent de nombreux appels violents et haineux.

Toutefois, pour parvenir à abroger ces lois ou les proposer au référendum, Milei devra certainement obtenir une majorité absolue au Congrès, qu’il n’est en réalité pas en passe de trouver, y compris avec le soutien d’une partie de la droite traditionnelle. Au-delà des discours, les propositions de Milei ont pour toile de fond un Congrès où sa force est très minoritaire et où les coalitions politiques sont fragmentées. En réalité, la progression de l’extrême droite s’explique par la profonde crise économique que traverse le pays, avec une inflation élevée et une baisse des revenus qui touchent davantage les femmes, plus souvent en situation de précarité.

Interviewée ce 25 novembre, Myriam Bregman (députée et ex-candidate à l’élection présidentielle du Front de de gauche et des travailleurs) rappelle clairement : « Le droit à l’avortement a été gagné dans la rue, il n’est pas venu de l’Assemblée. C’est parce qu’il s’est construit au fil d’années de lutte dans les rues, qu’il a donné lieu à des accords transversaux dans l’hémicycle. Il s’agit là d’un excellent exemple de la manière de comment conquérir nos droits. »

Ce qu’elle explique c’est que le meilleur moyen de se prémunir contre les trahisons de la droite et du centre, contre les intérêts objectifs qui se créent autour des politiques austéritaires, est de militer activement contre tenir la rue : « Organisés, mobilisés et clamant dès maintenant que nous allons le défendre, tout comme nous avons affronté les dinosaures, à l’époque qui nous disaient "qu’on ne pourrait pas, qu’on avait tout contre nous". Nous avons réussi à vaincre cette résistance et je pense que nous devons maintenant défendre nos droits avec la même force, et pas seulement le droit à l’avortement, pas seulement les politiques d’égalité de genre ; nous, les femmes, devons être à l’avant-garde de la défense contre les licenciements et contre tout type d’attaque. »

De ce point de vue, la mobilisation du 25 novembre, était non seulement une expression de la solidarité internationale des femmes contre les violences patriarcales, mais aussi une indication que la classe travailleuse, les personnes précaires et le mouvement féministe doivent commencer à souder l’unité dans la lutte et à organiser dès maintenant la résistance contre ce nouveau gouvernement.


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